Encore récemment, le télétravail n’était qu’un vague concept méconnu. Victime de nombreux préjugés, il était souvent - et à juste titre - associé à des organisations anglo-saxonnes hyper hiérarchisées et structurées.
Dans l’imaginaire collectif, les salariés de ces boîtes formaient un peu une “caste” privilégiée. Travailler à distance étant, au fond, jalousé par de nombreuses organisations plus “poussiéreuses” (see what I mean ?).
À tort ou à raison, aujourd'hui, cette nouvelle forme de travail s’est démocratisée et n’est plus seulement réservée aux salariés de Microsoft ou Ernst & Young.
En matière de télétravail, le Covid a été le booster rêvé. Il a fallu combiner à un contexte inédit une nouvelle forme d’organisation. Une aubaine pour les entreprises et les salariés qui souhaitaient (ou pas) prendre ce virage.
Décryptage d’un phénomène qui transforme notre rapport au travail, et dont les enjeux sont réels.
Avantages et inconvénients du télétravail
L’équilibre de vie, meilleur ami du télétravail
Qui n’a pas rêvé de passer la journée à travailler de chez soi, et, “cherry on the cake”...en pyjama ?
Voilà le genre de choses que le home-office a pu permettre. Si ces dernières années travailler depuis son domicile est devenu quelque chose d’habituel, on se parle quand même d’une sacrée révolution.
Quels codes le télétravail a-t-il bousculé ? Quels enjeux se cachent derrière le télétravail ?
Être maître de son agenda, quel luxe !
L’organisation à distance offre plus de souplesse aux équipes. Décider de travailler aux aurores ou à la nuit tombée, adapter son planning à des obligations familiales, etc.
En évitant les contraintes liées aux horaires de bureau traditionnels, la flexibilité permet aux salariés de surfer sur un rythme de vie pro / perso plus équilibrant.
"85 % des travailleurs Français considèrent aujourd'hui comme négative une offre de travail sans télétravail, et un tiers des Italiens sont prêts à gagner moins pour télétravailler".
Et puis, pas de N+1 dans les couloirs du bureau pour vous rappeler que “la deadline du CR, c’est pour hier”...
Le télétravail permet aussi de retirer les déplacements domicile-travail. Une économie de temps, de CO2, et bien sûr, une économie substantielle pour les portefeuilles (transport, repas, vêtements, etc.).
Le remote, un catalyseur de productivité.
C’est lundi. Il est 7H00. Le réveil sonne. L'œil à peine ouvert, certains salariés sont déjà pleinement opérationnels au saut du lit !
Des études ont révélé que le télétravail pourrait avoir une incidence sur la hausse de productivité des employés. Un enjeu de taille pour les organisations. De l’ordre de 10% d’amélioration de la productivité selon une estimation de l’INSEE (données de janvier 2023).
Mécaniquement, en évitant les interruptions fréquentes et les distractions du bureau, les salariés en télétravail sont plus proactifs et peuvent se concentrer davantage sur leurs missions.
Dans ce schéma d’organisation, on constate moins d’absentéisme et de retard, ce qui renforce parallèlement la productivité de l’entreprise.
Alors, qui dit télétravail dit climat de travail responsabilisant ?
En tout état de cause, l’impact semble positif et dynamise les performances individuelles (autonomie, confiance, efficacité, etc.).
“Dès lors que ses salariés sont satisfaits de ce nouvel équilibre entre vie professionnelle et vie privée, l’employeur constate rapidement qu’ils sont plus performants et engagés”.
La captivité, meilleur ennemi du télétravail
Il y a le pendant des salariés qui défendent bec et ongle le télétravail : celles et ceux qui boudent cette forme d’organisation.
Comment expliquer que le remote et ses codes ne “matchent” pas avec tous les individus (no offense, on est tous tellement différents) ?
Allô, quelqu’un pourrait me répondre ?
Les “anti” télétravail déplorent un sentiment d’isolement, et plus particulièrement les salariés habitués aux interactions et au travail en équipe.
La communication à distance peut impacter l’efficacité dans les échanges et dans les prises de décision (“coucou la réunionite !”).
Les problèmes techniques peuvent aussi nuire au travail en distanciel et générer des frustrations (accès aux serveurs d’entreprise, lenteurs internet, difficultés avec les outils de communication à distance, etc.).
Le sentiment d’isolement se trouverait alors renforcé.
Quand tout se mélange.
Travailler de chez soi, c’est aussi accepter que cohabitent sous un même toit sa vie professionnelle et sa vie personnelle.
Et dissocier les deux n’est pas une mince affaire. Adapter son espace de vie devient la clé pour réussir à mener son activité professionnelle efficacement à domicile.
Mais lorsque l’on vit dans 30m2 en plein Paris, et que le salon, c’est aussi la chambre, et donc aussi le bureau (quoi ?!), l’autodiscipline est de mise.
D’un côté, se créent : une surcharge de travail, des amplitudes horaires excessives et une difficulté à se détacher du travail. De l’autre : la tentation de se laisser distraire par des loisirs ou des tâches ménagères est grande.
Le télétravail serait donc plus adapté à des profils capables d’une grande discipline personnelle.
“Le télétravail comporte des conséquences en termes d’isolement social, d’implication et de socialisation, voire de conflits entre sphère privée et professionnelle”.
Quels changements ont étés apportés par le télétravail ?
Un nouveau paysage de travail.
Le télétravail a naturellement installé un nouveau cadre, et stimulé l’utilisation de nouveaux outils collaboratifs pour faciliter les échanges en interne.
Les logiciels de visioconférence, messageries instantanées, plateformes de partage de documents, etc. sont devenus essentiels au quotidien des salariés en remote.
Parmi les grands gagnants : Teams, Slack, Monday.com ou RescueTime.
Si auparavant certains salariés avaient des réticences à utiliser ces technologies, le contexte de télétravail imposé par le Covid les a forcé à s’y mettre (et ce n’est pas si mal les apéros Teams, hein ?).
Un objectif commun : faciliter les relations d’un collectif grâce à des outils collaboratifs efficaces et structurants.
Une nouvelle culture d’entreprise
Y compris dans un contexte de collaboration à distance, il semble essentiel de se concentrer sur sa marque employeur.
C’est tout le challenge des prochaines années. Savoir créer de l’attachement envers une entreprise, et un sentiment d’appartenir à sa communauté.
C’est valable en externe, pour les recrutements de nouveaux collaborateurs, et en interne pour créer de l’incentive envers ses équipes et renforcer le collectif.
Un conseil pour l’intégration des “petits nouveaux” de la boîte ?
Leur offrir un welcome pack, c’est déjà un très bon début !
Un bon point pour la planète
Ça tombe sous le sens. Nul besoin d’épiloguer sur le sujet de l’empreinte écologique.
L’entreprise Workthere en parle dans son blog :
“La réduction voire l'arrêt des déplacements des salariés est une bénédiction pour notre planète. Cela a entraîné une baisse des émissions de CO2, il en va de même pour les entreprises qui n'ont plus besoin de faire fonctionner leurs serveurs lorsqu’elles n’ont plus autant de postes de travail à faire tourner au sein de leurs locaux.”
Un salarié en télétravail est moins énergivore qu’en entreprise. Derrière son ordinateur, à domicile, il joue un rôle dans la décarbonation des entreprises.
Mais pas que !
La réduction des déchets en tous genres, la livraison des “sushis du vendredi” (alors que le resto est au coin de la rue)… Chez soi, on adopte des pratiques plus durables qu’avec les collègues de l’open space.
Cette nouvelle organisation du travail aide aussi à la préservation des ressources naturelles. Moins d’infrastructures, moins de constructions, moins de parking…la nature reprend ses droits !
Bref, le travail à distance, ça peut être aussi la part belle à l’environnement.
L'impact du télétravail pour les managers
En toute transparence
Le télétravail, un sacré virage dans le monde du management.
Depuis des années, le supérieur hiérarchique avait toujours un œil au-dessus de l’épaule de son collaborateur (on a tous eu ce boss qui nous disait “la confiance n’empêche pas le contrôle”).
Alors il a fallu revoir les codes. S’habituer. Définir une nouvelle organisation.
- Comment adapter son management à ces changements profonds ?
- Comment garder le contrôle ?
- Comment (main)tenir les objectifs ?
- Comment énergiser une équipe lorsque les poignées de main sont devenues virtuelles ?
A priori, c’est tout simple. Et cela repose sur un climat de confiance mutuel, et une bonne grosse dose de communication.
Selon l’ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail), “Des pratiques de télétravail trop individuelles peuvent perturber le travail d’équipe et des pratiques non régulées conduire à des sentiments d’inéquité.”
Si l’on parvient à une organisation carrée et une communication transparente (grâce au panel de logiciels évoqué quelques lignes plus haut), tout se passe forcément bien. CQFD.
Des managers “result-oriented”.
Distance oblige, le rôle du manager a changé. Plus que jamais, les attentes des managers portent vers des résultats.
Pour cela, ils doivent donner des objectifs précis à leurs collaborateurs et s’assurer qu’ils soient compris de tous avant de les challenger et les analyser.
Le manager doit être ultra-disponible pour apporter un support concret et pallier la déconnexion physique.
“Le travail n’est plus un lieu mais ce qu’on fait ; ce qui importe c’est le résultat, peu importe où il est produit.”
Le télétravail mobile et les nouveaux modes d'organisation
Le télétravail mobile, et si c’était l’avenir ?
Allez, poussons le curseur du télétravail encore plus loin : c’est le télétravail mobile (inspiré du mobile working anglo-saxon) :
La particularité ? Le champ est encore plus vaste que dans le télétravail “classique”.
L’intérêt de cette nouvelle forme de travail ? Répondre à une mobilité de plus importante, et à donner une place tout autant importante pour la vie personnelle.
Dans un hôtel, dans un café, chez le client ou à l’autre bout du monde…c’est OK tant qu’il y a une connexion internet et que l’activité n’est pas dégradée.
Tout devient alors envisageable, et un salarié peut faire carrière dans une entreprise dans laquelle il ne mettra jamais les pieds !
C’est un format encore plus “accompli”, où la notion de lieu et d’horaires de travail n’existe plus.
En France, ça passe ou ça bloque encore ?
En France, le phénomène - encore un peu avant-gardiste - semble accueilli avec intérêt.
Les entreprises n’ont plus rien à prouver de leur capacité à se réinventer et sauront s’adapter à cette nouvelle organisation.
Le télétravail mobile implique de nouvelles formes de management et de gouvernance pour avancer vers une société plus performante, et plus humaine.
“Il n’y a pas d’obstacles législatifs et réglementaires majeurs au développement de cette nouvelle organisation du travail en France. Les partenaires sociaux ont une position ouverte sur ce thème, et ont négocié un accord national interprofessionnel applicable au secteur privé à la suite de l’accord cadre européen.”
Le télétravail a bouleversé nos habitudes et a changé notre rapport au travail. Les enjeux du télétravail pour l'entreprise sont notoires.
C’est un véritable levier de performances économiques, doublé d’une opportunité d’équilibre pro / perso pour les salariés.
Au-delà de l’amélioration de la productivité et du bien-être en entreprise (les statistiques le disent, même si cette organisation n’est pas du goût de tous), il fait du bien à notre bien commun. L’environnement.
Un game changer, un vrai.
Sur la table en ce moment, il y a aussi la semaine de 4 jours pour les salariés.
On en discute autour d’un café connecté ? ;)