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Comprendre l'obsolescence programmée en 8 points

AU SOMMAIRE 👇 :
L’obsolescence programmée, bien ancrée dans nos modes de consommation, impacte à la fois l’environnement, l’économie et nos comportements. Toutefois, face à ces défis, des initiatives émergent pour prolonger la durée de vie des produits, favoriser la réparation et encourager des pratiques plus durables.

L'obsolescence programmée, voilà un terme qui fait de plus en plus parler de lui à l’heure de la transition énergétique et de l’urgence écologique.

Conçus pour ne pas durer, certains produits industriels sont délibérément fabriqués avec une durée de vie limitée.

Mais quels sont les mécanismes derrière cette stratégie industrielle ? Quels sont ses impacts sur nos habitudes de consommation et sur l’environnement ? On vous propose un décryptage complet dans cet article.

Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ?

L'obsolescence programmée est une stratégie mise en place par certaines industries pour réduire délibérément la durée de vie de leurs produits. Son but ? Inciter les consommateurs à acheter plus fréquemment de nouveaux articles, même si l'ancien est encore fonctionnel.

Historique et évolution de l’obsolescence

Le concept d’obsolescence programmée n’est pas récent.

En 1924, six grandes entreprises de fabrication d'ampoules se regroupent pour fonder le cartel Phoebus, visant à dominer le marché mondial. Ils décident alors de limiter volontairement la durée de vie des ampoules à 1 000 heures, alors que les technologies de l’époque permettaient déjà une longévité bien plus élevée (autour de 2500 heures).

Cette initiative a marqué un véritable tournant dans l’histoire industrielle, plaçant l’intérêt économique au-dessus de la durabilité.

Au milieu des années 1950, la tendance s’accélère avec l’arrivée des produits de masse et l’évolution des mentalités de consommation. Aux États-Unis, Brooks Stevens, un designer influent, popularise l'idée de "planned obsolescence", sans toutefois mesurer l’impact de l’expression.

Comme expliqué dans les archives de sa biographie, disponible sur le site du Milwaukee Museum, “Stevens' definition of the concept-"instilling in the buyer the desire to own something a little newer, a little better, a little sooner than is necessary"-sounded innocuous enough, but his description of design as a marketing ploy immediately became controversial. Planned obsolescence continues to be a contentious and much-discussed aspect of industrial design to this day.”

Définition actuelle, durée de vie et impact économique

Selon le Ministère de la Transition Écologique, la notion d' obsolescence programmée est définie dans l’article 99 de la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte comme « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement ».

Celles-ci peuvent prendre différentes formes : des matériaux de moindre qualité, des pièces difficiles à remplacer, ou encore des mises à jour logicielles qui dégradent les performances des appareils électroniques.

Le procédé s'inscrit dans un modèle de production et de consommation linéaire (extraire, produire, consommer et jeter).

En 2012, l'ADEME avait défini 4 types de durée de vie, apportant les premières pierres à la lutte contre ce phénomène :

  • la durée de vie normative (durée de fonctionnement moyenne) ;
  • la durée d'usage (durée pendant laquelle le produit est utilisé à proprement parler) ;
  • la durée de détention totale (total des durées de détention auprès de différents utilisateurs) ;
  • la durée d’existence (période entre la fin de fabrication et l'élimination, la valorisation énergétique ou le recyclage).

L’impact économique de l’obsolescence programmée est double.

D’un côté, l'obsolescence programmée dynamise la consommation en poussant les clients à renouveler régulièrement leurs achats, ce qui permet aux entreprises de maintenir un flux de revenus constant.

Elle exerce cependant une pression significative sur le budget des consommateurs, qui doivent remplacer leurs biens plus souvent que nécessaire. À l’échelle globale, cette pratique contribue aussi à l'épuisement des ressources naturelles et à la dégradation de l’environnement, notamment en accélérant la production de déchets.

Principaux exemples d’obsolescence

Ampoules et bas nylon

Comme nous l’avons mentionné précédemment, les premières ampoules à incandescence avaient une durée de vie bien plus longue.

La création du Cartel Phoebus a délibérément réduit leur longévité à environ 1 000 heures. La manœuvre visait à pousser les consommateurs à remplacer plus fréquemment leurs ampoules, pour assurer des ventes régulières.

Bien que certaines entreprises proposent aujourd’hui des ampoules plus durables, cet épisode reste un exemple historique majeur d’obsolescence programmée, illustrant comment l’industrie a façonné les habitudes de consommation pour maximiser les profits.

Les bas en nylon offrent un autre exemple marquant. Lors de leur lancement, ces accessoires étaient très résistants ; les fabricants ont toutefois rapidement troqué leurs matériaux originels pour d'autres de mauvaise qualité, augmentant ainsi leur fragilité et leur taux de renouvellement.

Automobiles et appareils d'électroménager

Dans l’industrie automobile, l’obsolescence programmée est également bien présente. Les constructeurs introduisent régulièrement de nouveaux modèles avec des changements mineurs, tout en rendant les anciens modèles plus difficiles à entretenir en raison de pièces spécifiques non disponibles (batteries, composants mécaniques, etc.). De plus, la durée de garantie est souvent limitée, ce qui incite les consommateurs à racheter un nouveau véhicule plutôt que d'effectuer des réparations coûteuses.

L’électroménager n’est pas en reste. Par exemple, des pièces de lave-linge ou de réfrigérateurs sont fréquemment scellées, empêchant une réparation simple et poussant à l’achat d’un nouvel appareil.

obsolescence programmée appareils ménagers

Ordinateurs, téléphones mobiles et imprimantes

Le domaine des technologies reste probablement celui où l’obsolescence programmée est la plus présente. 

Les ordinateurs, téléphones et imprimantes sont souvent conçus avec une durée de vie limitée, que ce soit à cause de batteries non remplaçables, de pièces soudées ou de logiciels qui deviennent rapidement obsolètes.

Par exemple, certaines imprimantes cessent de fonctionner une fois qu'un compteur interne atteint un certain nombre d'impressions, forçant l’utilisateur à en acheter une nouvelle.

La mise à jour logicielle joue également un rôle majeur dans l’obsolescence programmée des smartphones et des ordinateurs. Les nouvelles versions de systèmes d’exploitation sont généralement trop lourdes pour les anciens modèles, ce qui ralentit considérablement leur fonctionnement, et incite donc à changer d’appareil.

3. Types d’obsolescence et leurs mécanismes

L’obsolescence programmée se manifeste sous plusieurs formes, chacune avec ses propres stratégies pour réduire la durée de vie d’un produit.

Obsolescence directe

L'obsolescence directe (ou matérielle), se définit par la fragilité intentionnelle d’un produit. Pièces fragiles, mauvaise conception, batteries intégrées non remplaçables, usage de matériaux de moindre qualité pour réduire les coûts… Cette usure matérielle force le consommateur à remplacer l’objet, même si ce dernier pourrait être réparé.

Obsolescence indirecte

L’obsolescence indirecte intervient lorsque l’environnement ou les normes autour du produit évoluent, rendant ce dernier moins performant ou incompatible avec les nouvelles technologies. Certains appareils ne sont plus utilisables à cause d’un produit associé qui ne fonctionne plus, et qui n’est ni réparable ni remplaçable (comme un chargeur électrique).

Péremption et obsolescence logicielle

L’obsolescence liée à la péremption touche principalement les produits alimentaires, alors que les entreprises imposent des dates de péremption souvent trop courtes, ce qui entraîne la mise au rebut de produits encore consommables.

Dans le secteur technologique, l’obsolescence logicielle est un mécanisme courant. Les mises à jour régulières nécessitent en effet plus de ressources : un phénomène qui, en cas de limitation technique, rend les terminaux plus lents ou incompatibles avec les nouvelles versions, même si les composants matériels sont toujours en bon état.

4. Impacts environnementaux de l’obsolescence

L’obsolescence programmée a des conséquences considérables, entraînant une exploitation accrue des ressources naturelles et une augmentation du volume des déchets, notamment électroniques.

D’après la plateforme SoftCorner : « l’obsolescence programmée produit chaque année de 20 à 50 millions de tonnes de déchets dans le monde qui seront enfouis pour une grande partie dans les pays du sud, avec des répercussions sociales et environnementales désastreuses ». D’autre part, selon l’association Halte à l’Obsolescence Programmée, « l’allongement de la durée de vie des équipements informatiques, de l’électroménager, du textile et de l’ameublement permettrait de diminuer les émissions annuelles françaises de 77 millions de tonnes de CO2 ».

Épuisement des ressources et aggravation de la pollution

La nécessité de produire continuellement de nouveaux appareils entraîne tout d’abord l'extraction intensive de métaux rares et d'autres matériaux aux réserves limitées.

D’après des données collectées par l’ADEME, “pour un téléviseur de 30 à 40 pouces, le poids carbone pour la production des matières premières et la fabrication des composantes est de 299 kg éq/CO₂ , alors que la phase d’utilisation produit uniquement est de 41 kg éq/CO₂.”

infographie ADEME poids carbone télévision
[Source]

L’empreinte carbone générée tout au long de la chaîne de fabrication, de transport et de distribution est également considérable. Ce cycle de consommation rapide épuise non seulement les ressources, mais contribue aussi aux émissions de CO2 et au réchauffement climatique, exacerbant les crises environnementales actuelles.

Contribution à l’augmentation des déchets

Ce dernier facteur est particulièrement préoccupant dans le domaine des équipements électriques et électroniques (DEEE), également appelés « e-déchets », et largement concernés par l’obsolescence programmée.

Smartphones, ordinateurs portables, brosses à dents, vapoteuses, grille-pain… Selon le portail gouvernemental Notre Environnement, “dans le monde, l’Europe est la principale région productrice de « e-déchets » : ses habitants jettent en moyenne 17,6 kilos d’objets électroniques à la poubelle par an (22 kilos en France). À l’opposé, les Africains et les Asiatiques en produisent respectivement 2,5 et 6,4 kilos.”

Or, en 2022, moins de 22 % de ces déchets ont été correctement recyclés, laissant le reste brûlé, jeté ou abandonné, ce qui pose des risques sanitaires et environnementaux en raison de la présence de substances toxiques (plomb, mercure, etc.).

5. Cadre légal et initiatives contre l’obsolescence

Les réglementations visant à lutter contre l’obsolescence programmée sont essentielles pour encourager des pratiques de consommation plus durables.

Lois et régulations en France

La France a été le premier pays au monde à interdire cette pratique en 2015.

Le Ministère de la Transition Écologique précise en effet que la loi reconnaît depuis 11 ans le délit d' obsolescence programmée, qui est puni d’une peine de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende, le montant de l’amende pouvant être porté à 5 % du chiffre d’affaires moyen annuel.

De la même manière, des dispositions destinées à empêcher l’obsolescence logicielle ont été introduites dans la loi n°2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et a l’économie circulaire.

Enfin, l’introduction de l’indice de réparabilité en 2021 sur 5 catégories de produits oblige les fabricants à afficher une note sur leur facilité de réparation. En 2025, celui-ci sera d’ailleurs remplacé par un indice de durabilité.

Bon à savoir : la plateforme Signal Conso vous propose de signaler en ligne les cas d’obsolescence programmée.

Dans les dernières années, la question de l'obsolescence des produits a évidemment suscité un vif débat dans l'Union Européenne, notamment en ce qui concerne la garantie légale offerte aux consommateurs.

Cette garantie, qui impose une durée de disponibilité pour les pièces et les services, vise à protéger les consommateurs contre les pratiques déloyales des fabricants. En rendant obligatoire la disponibilité des pièces de rechange pour un temps donné, la législation encourage une culture de la durabilité, permettant ainsi aux utilisateurs de prolonger la vie de leurs produits et de lutter contre l'obsolescence programmée.

Exemples de consommation durable

Les initiatives pour promouvoir une consommation durable se multiplient et prennent différentes formes. Voici quelques exemples concrets :

  • Back Market : cette plateforme spécialisée dans la vente de produits électroniques reconditionnés permet aux consommateurs d’acheter des appareils remis à neuf, réduisant ainsi les déchets électroniques
  • iFixit : ce site communautaire propose des guides de réparation pour une multitude d'appareils, incitant les utilisateurs à réparer leurs produits plutôt que de les remplacer
  • Marques engagées : de plus en plus de consommateurs choisissent des marques qui mettent l'accent sur la durabilité, y compris dans le secteur ultra polluant de la mode, et qui conçoivent des produits respectueux de l'environnement
  • Programmes de reprise : certaines entreprises offrent des programmes permettant de retourner les anciens appareils en échange de réductions sur de nouveaux achats. Attention toutefois à certaines pratiques qui pourraient relever du greenwashing !

Ces initiatives contribuent à une transition vers une économie circulaire, où la durabilité et la réparabilité sont au cœur des pratiques de consommation.

6. Solutions pratiques pour les consommateurs

Pour faire face à l’obsolescence programmée et adopter des pratiques de consommation plus durables, les consommateurs peuvent mettre en place plusieurs solutions pratiques. En agissant de manière proactive, chacun peut contribuer à réduire le gaspillage et à prolonger la durée de vie des produits tout en participant à une économie circulaire et responsable.

Entretenir et réparer son équipement

L'une des solutions pour contrer l’obsolescence programmée est de bien entretenir ses équipements. Par exemple, nettoyer régulièrement les filtres d’un lave-linge ou défragmenter le disque dur d’un ordinateur peut prolonger leur durée de vie.

De plus, de nombreuses pièces de rechange sont disponibles en ligne, tandis que des tutoriels vidéo peuvent aider les consommateurs à effectuer de petites réparations.

Rôle et impact des Repair Cafés

Les Repair Cafés sont des initiatives locales où chacun peut venir réparer ses objets gratuitement ou pour un coût modique, avec l'aide de bénévoles.

Ces espaces promeuvent une culture de la réparation et de l'entraide, tout en réduisant les déchets. Leur succès grandissant témoigne de la prise de conscience croissante des consommateurs sur les effets négatifs de l’obsolescence programmée.

7. Implications psychologiques et sociales

L’obsolescence programmée n'affecte pas seulement l'économie et l'environnement, mais présente également des implications psychologiques et sociales significatives.

Effet de l’obsolescence sur la perception des consommateurs

L’obsolescence programmée a modifié la perception que les consommateurs ont de leurs biens. Ils voient de plus en plus les produits comme étant disposables, favorisant une attitude de consommation rapide. Ce phénomène est particulièrement visible dans l’industrie technologique, où les mises à jour fréquentes créent un sentiment de "manque" (voire une FOMO) chez les utilisateurs qui possèdent des versions plus anciennes.

Influence de la publicité et des tendances de consommation

Les publicités jouent également un rôle clé en alimentant cette surconsommation. Les campagnes marketing, en mettant en avant les nouveautés technologiques ou les dernières tendances, influencent les consommateurs à abandonner des produits encore fonctionnels pour les remplacer par de nouveaux.

Ce cycle crée une dépendance psychologique à l'innovation, où la consommation croissante, puis l'acquisition de l'objet dernier cri devient synonyme de statut social. La CLCV (Association Consommation, Logement et Cadre de Vie) parle d’ailleurs d’obsolescence culturelle (« Ce n’est plus à la mode », « J’en achèterais bien un nouveau »…). Bien qu’un produit puisse être encore utilisé, le consommateur estime que son esthétisme ne lui convient même si ce produit fonctionne encore.

8. Perspectives économiques et innovation

L'innovation joue un rôle crucial dans la lutte contre l’obsolescence programmée. Grâce aux différentes avancées, de nouvelles opportunités peuvent émerger, notamment dans les domaines de la réparation et du recyclage.

Cela peut également stimuler la création d'emplois et encourager une transition vers des modèles d'affaires qui privilégient la durabilité.

Développements technologiques réduisant l’obsolescence

Face aux critiques croissantes concernant l’obsolescence programmée, certaines entreprises prennent les devants en développant des produits plus durables et réparables.

Par exemple, l'entreprise Fairphone a conçu un smartphone modulaire, permettant à chaque composant d'être remplacé indépendamment. Cela réduit non seulement le gaspillage, mais offre également aux utilisateurs la possibilité de mettre à jour ou de réparer leur appareil sans avoir à acheter un nouveau téléphone complet.

De nombreuses entreprises suivent aujourd'hui cet exemple en intégrant des matériaux durables, dans une démarche d’éco-conception ; en améliorant la réparabilité ; ou en adoptant des pratiques de fabrication éthiques.

Cette évolution vers une production responsable incite les consommateurs à faire des choix plus durables et contribue à un changement positif dans l’industrie.

chiffres clés produits durables
[Source]

Potentiel économique d’une transition vers des produits durables

La transition vers une économie axée sur la durabilité et la réparabilité représente enfin une opportunité économique significative.

Les entreprises qui adoptent cette approche (comme c'est notre cas chez The Good Fab, puisqu'on se concentre sur la création de produits éco-responsables !), répondent à une demande croissante de consommateurs de plus en plus conscients des enjeux environnementaux.

Ce changement de comportement des clients pourrait transformer les pratiques industrielles dans les années à venir, incitant davantage d'entreprises à intégrer des modèles économiques durables. Ces dernières peuvent alors améliorer leur image de marque, tout en renforçant leur position sur le marché en France, puis à l'international.

L’obsolescence programmée pose donc des défis importants, mais elle engendre également des solutions innovantes en faveur de la transition énergétique et d'une croissance verte.

De plus en plus d'entreprises et de consommateurs prennent ainsi conscience de l'importance de modes de consommation responsables, en choisissant des produits conçus pour durer.

En se tournant vers des alternatives éthiques et réparables, il est possible de réduire son empreinte environnementale et d'oeuvrer en faveur d'une économie circulaire.

Visuel de couverture : photo de John Cameron sur Unsplash.

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