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Parler d'addiction et de travail en même temps, ça peut paraître saugrenu. Et pourtant ! Aujourd'hui encore assez méconnue, l'addiction au travail est une dépendance comportementale qui concerne de nombreuses personnes. À ce jour il "n'existe pas d'étude suffisamment étayée, mais les psychologues estiment que 5 % de la population active en souffre." Source
L'addiction prend racine dans un engagement sans limites envers son activité professionnelle et elle s'installe aussi bien au travail que pendant les temps "off".
Si certains considèrent être "accro au travail" comme un signe de dévouement envers son entreprise, l'addiction peut aboutir sur un sabotage et une dégradation des relations sociales, de la santé et à plus long terme, de l’efficacité. L'enjeu lorsqu'on est pris dans l'engrenage de l'addiction au travail, c'est de maintenir la bonne distance entre vie professionnelle et personnelle.
Non sans conséquences sur la santé mentale et l’équilibre de vie, nous explorerons tout au long de cet article le phénomène d'addiction au travail, ses causes, ses signes avant-coureurs et les mesures préventives essentielles pour y faire face.
Parce qu'au fond, à qui et à quoi profite cette implication excessive ?
Qu'est-ce que l'addiction au travail ?
La notion d'addiction au travail, sous sa forme anglaise "workaholism" (contraction de "work", travail et alcoholic", alcoolique) est née en 1968.
Le psychologue Wayne Oates souhaitait alors mettre en perspective "le rapport pathologique d'une personne à son travail avec la dépendance à l'alcool". Source
En somme, l'addiction au travail se caractérise par une forte implication dans son activité professionnelle, au point que le travail devient le coeur battant de la vie d’un individu.
Mais comment faire le distinguo entre la passion et l'addiction ?
"Une passion pour son travail se caractérise par l'engagement et la motivation pour accomplir les tâches liées à son travail. L'addiction au travail, en revanche, se manifeste par une dépendance compulsive, une préoccupation constante pour le travail, une augmentation des heures de travail et une négligence des relations sociales et familiales." Source
Les symptômes visibles de cette addiction comportementale se matérialisent par :
- les heures supplémentaires fréquentes,
- une obsession des résultats,
- un désintérêt pour d'autres aspects de la vie.
Ce phénomène n’est pas sans conséquences, affectant à la fois la santé mentale, les relations sociales, jusqu'à la performance professionnelle. On parle alors d'une dépendance compulsive qui nuit à l’équilibre général.
Quelles sont les causes de la dépendance au travail ?
Plusieurs facteurs contribuent à installer une dépendance au travail. Si les raisons de cette "descente aux enfers", se manifestent différemment selon les individus, l'addiction est souvent liée à des dynamiques personnelles, sociales et professionnelles. L'épanouissement au travail et la culture d' entreprise jouent alors un rôle clé et sont un réel levier pour mobiliser un salarié sans empiéter sur son équilibre de vie...et sans risque d' addiction !
Le besoin de reconnaissance et de valorisation
Le besoin de prouver sa valeur au sein de l’entreprise peut devenir une source de pression (on en parle dans cet article : l'épanouissement au travail). Certains salariés recherchent une validation permanente par le biais de leurs performances et de leurs résultats professionnels. Cette quête de reconnaissance transforme le travail en un moyen de satisfaire leur estime personnelle et devient un facteur de risque à l'addiction en milieu professionnel.
La mauvaise gestion de l'anxiété
Pour beaucoup d'individus, le travail devient un refuge face à la pression et la peur de l'échec (aussi appelée "anxiété de performance"). L’activité professionnelle par l'intensité devient alors un moyen d’apaiser leur anxiété et leur procure une sensation de contrôle et d’accomplissement. Un mécanisme qui favorise un fonctionnement mental vicieux : plus l’anxiété est grande, plus la tendance compulsive à travailler est élevée et profite à la dépendance.
Le manque de limites
Pour des salariés drivés par la culture de la performance, le manque de limites entre vie personnelle et vie professionnelle est un facteur amplificateur des addictions comportementales. L’omniprésence des outils numériques renforce ce phénomène de dépendance et rend difficile la déconnexion.
"La cyberdépendance est de nos jours fortement liée à l'addiction au travail et l'hyperconnexion empêche les individus susceptibles de devenir dépendants de se couper de leur activité professionnelle." Source: gaeconseil.fr
Quels sont les signes avant-coureurs de l'addiction au travail ?
Reconnaître les signes avant-coureurs d'une addiction au travail est essentiel pour éviter que la dépendance ne s’installe durablement.
Zoom sur des comportements qui ne font pas l'ombre d'un doute :
La difficulté à déléguer les tâches
Qu'il s'agisse d'un collaborateur, d'un cadre dirigeant ou d'un chef d' entreprise, les individus en situation de dépendance ont une tendance à vouloir gérer par eux-mêmes, par crainte que le travail confié à quelqu'un d'autre ne soit pas conforme à leurs standards.
Le perfectionnisme
Dans de nombreux cas, l’obsession pour le travail "bien fait" fait partie des facteurs de risques à l'addiction au travail. Elle pousse alors les individus à tendance narcissique et les perfectionnistes à s'investir et à ne plus compter les heures pour atteindre des résultats perçus comme "idéaux".
Le retrait de la vie sociale
Plus inquiétant encore, quand les relations sociales et les loisirs passent au second plan parce qu'elles ne sont pas une priorité. C'est ainsi qu'un individu accro au travail sacrifiera sans hésitation ses moments en famille et entre amis pour avancer dans son activité professionnelle.
"Le fait d’avoir peu de relations sociales et de hobbies peut également inciter un individu à se réfugier dans son travail, jusqu’à en devenir addict." Source
La difficulté à se détacher de son travail
Incapable de profiter de ses vacances ou de déconnecter de sa boîte e-mail, un salarié ou un chef d' entreprise en situation de dépendance professionnelle restera mentalement impliqué dans son travail. Une implication excessive qui mène tout droit à des comportements addictifs, et qu'il faut surveiller comme du lait sur le feu pour ne pas risquer l'explosion.
Comment prévenir l'addiction au travail ?
La prévention des risques liés à l'addiction au travail est un véritable enjeu de santé publique et une réalité pour les ressources humaines d'une entreprise.
Comment l'organisation peut-elle devenir moteur dans la prévention des pratiques addictives et quelles solutions peut-elle proposer ?
Fixer des limites claires entre travail et vie personnelle
Pour limiter l'impact d'une addiction au travail sur l'équilibre de vie, il faut fixer un cadre strict. Militaire. Le droit à la déconnexion, imposer et respecter des horaires de travail décents sont des bonnes pratiques qui aideront à reprendre le bon chemin vers un travail équilibrant et épanouissant (lisez plutôt notre article qui aborde l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle).
Si le "full remote" peut sembler être un combo gagnant pour soigner l'équilibre entre la vie personnelle et professionnelle, il peut avoir tendance à brouiller les frontières entre les 2 mondes, prudence !
Apprendre à déléguer
Exit l'adage "la confiance n'empêche pas le contrôle". C'est justement tout le contraire !
En acceptant de déléguer, un collaborateur ne perdra jamais le contrôle de son scope, son service ou son entreprise familiale. Laisser la main, c'est faire preuve de confiance envers son équipe, cela renforce la collaboration et réduit la charge mentale.
Développer des activités en dehors du travail
Cultiver des activités en dehors de son travail est indispensable pour prévenir l’addiction au travail. S'engager dans un club de lecture, pratiquer du rugby en loisir ou ressortir ses cahiers de solfège permet de créer une rupture avec la routine professionnelle et de rééquilibrer ses priorités.
Des moments pour soi, avec, ou pour les autres améliorent la gestion du stress, font chuter l’obsession pour le travail et renforcent les relations sociales...pile ce qui est négligé en cas de dépendance !
Consulter un professionnel en cas de besoin
Un psychologue ou un coach spécialisé pourra aider un "addict" au travail à identifier les mécanismes sous-jacents de cette dépendance. Se lancer dans une démarche de thérapie permettra d'embrasser de nouveau une relation saine avec le travail et de prévenir les impacts à plus long terme sur la santé mentale et le bien-être général.
Si l'addiction au travail est une dépendance comportementale aux conséquences parfois graves sur le salarié ou le chef d'entreprise, ce n’est pas une fatalité.
(Im)poser ses limites, faire confiance aux autres, chérir le temps pour soi et entretenir des relations sociales sont des pistes nécessaires pour prévenir les conduites addictives liées au travail.
Et si les organisations introduisaient des actions de formation dans l'organisation en vue de prendre le sujet de l'addiction au travail à bras-le-corps ?