Vous avez sûrement déjà remarqué ces lettres colorées – A, B, C, D, E – sur les paquets au supermarché. Ce code, c'est le Nutri-Score, un guide rapide pour savoir si ce que vous mettez dans votre panier est bon pour vous... ou non !
Pourtant, beaucoup de personnes ignorent comment il est calculé et ce qu'il signifie vraiment. De quoi parle-t-on exactement ? Comment peut-il vous aider à faire des choix éclairés ? Découvrons ensemble les coulisses du Nutri-Score, les produits qu'il évalue ou son intérêt pour une consommation raisonnée au quotidien.
Le Nutri-Score, c’est quoi ?
Le Nutri-Score est un système d’étiquetage nutritionnel simplifié.
Selon le site du Ministère de la Santé, celui-ci “fournit au consommateur, sur la face visible des emballages alimentaires, une information lisible et facilement compréhensible sur la qualité nutritionnelle globale des produits, au moment où il fait ses courses. Il peut ainsi comparer les produits et orienter ses choix vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle.”
Le Nutri-Score se présente sous la forme d’une échelle de cinq couleurs, chacune associées à une lettre pour optimiser son accessibilité et sa compréhension par le consommateur.
Les teintes vont du vert foncé (A) au rouge (E), en passant par le vert clair (B), le jaune (C) et le orange (D).
Plus un produit est proche de la couleur verte et de la lettre A, meilleure est sa qualité nutritionnelle.
Bon à savoir : le Nutri-Score s’ajoute à une longue liste de labels alimentaires qui visent à guider les consommateurs dans leurs choix d' achat.
Cependant, contrairement aux labels de qualité, d'origine, ou encore bio, le Nutri-Score se distingue en tant qu’indicateur nutritionnel : il évalue spécifiquement la composition des produits, et informe en un coup d'œil.
Il devient ainsi possible de repérer facilement les produits avec un meilleur équilibre nutritionnel, sans avoir besoin de décrypter la liste des ingrédients.
Qui a créé le Nutri-Score ?
En 2017, le Nutri-Score a été officiellement mis en place à la demande du Ministère des Solidarités et de la Santé, qui a confié à Santé publique France la mission de développer un étiquetage nutritionnel accessible et facile à comprendre.
Il s’inscrit dans une démarche de santé publique destinée à lutter contre les maladies liées à l’alimentation, comme l’obésité, le diabète de type 2, et les maladies cardiovasculaires.
Pour sa conception, les autorités sanitaires se sont appuyées sur les travaux de l’équipe du professeur Serge Hercberg, expert en nutrition à l’Université Sorbonne Paris Nord. Elles ont également collaboré avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) et le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP).
Apposé sur les emballages de manière volontaire par les producteurs, le Nutri-Score répond aussi aux règles d’information nutritionnelle du règlement européen INCO (EU n°1169/2011).
Quels pays ont adopté le Nutri-Score ?
Si le Nutri-Score est né en France, il a depuis été adopté par d'autres pays européens, comme la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas, la Suisse et le Luxembourg.
Un système de gouvernance transnationale a d’ailleurs été adopté par les autorités compétentes de ces sept pays, afin de faciliter l'utilisation de l'étiquetage nutritionnel Nutri-Score sur la face avant des emballages.
Les chiffres à connaître : selon les chiffres publiés par Santé Publique France début 2024, 1359 marques sont engagées en faveur du Nutri-Score. Par ailleurs, 99,6% des Français avaient déjà entendu parler, ou vu le logo en décembre 2023.
Comment est calculé et attribué le Nutri-Score en France ?
Le Nutri-Score repose sur une analyse équilibrée de la composition des produits.
Son mode de calcul standardisé attribue ainsi des points aux aliments en fonction de leurs ingrédients ; l’objectif étant de produire une note globale qui reflète la qualité nutritionnelle du produit.
Bon à savoir : le Nutri-Score est calculé en fonction de la composition pour 100 grammes ou 100 millilitres de produit.
Les points négatifs (ou défavorables pour la santé)
Les points négatifs sont attribués en fonction de la teneur en éléments considérés comme défavorables pour la santé, compte tenu des connaissances scientifiques actuelles. On y retrouve notamment :
- Les calories (énergie) : une teneur élevée en calories peut conduire à un surpoids ou à des troubles métaboliques
- Les acides gras saturés : ces graisses, que l'on retrouve notamment dans les produits transformés et certaines viandes, sont associées à des risques accrus de maladies cardiovasculaires
- Les sucres : un excès de sucre favorise la prise de poids, le diabète et d'autres troubles de santé liés à une alimentation déséquilibrée
- Le sel (sodium) : une consommation trop importante de sel est liée à des problèmes d'hypertension, tout en augmentant le risque de maladies cardiaques
Ces nutriments négatifs reçoivent une note allant de 0 à 10, en fonction de leur taux de concentration dans le produit. Plus cette teneur est élevée, plus le score négatif sera important.
Les points positifs (ou favorables pour la santé)
Le Nutri-Score tient également compte des aspects bénéfiques d'un aliment. Il attribue ainsi des points positifs pour les composants suivants :
- La teneur en fruits, légumes, légumineuses et noix : riches en vitamines, fibres et minéraux, ces aliments sont essentiels pour le bon fonctionnement de l’organisme
- Les fibres : les fibres alimentaires sont bénéfiques pour la santé digestive et contribuent à la sensation de satiété, ce qui permet à chacun de manger des portions plus équilibrées
- Les protéines : elles sont essentielles à la construction musculaire, à la réparation des tissus et au bon fonctionnement du système immunitaire.
Pour ces nutriments positifs, les points sont également attribués de 0 à 10 : un aliment riche de ces composants sera donc avantagé dans le calcul final.
Quels sont les produits concernés par le logo ?
Le Nutri-Score s’applique à une large gamme de produits industriels alimentaires, bien que tous ne soient pas concernés de la même manière.
Produits alimentaires transformés
Plats préparés, snacks, biscuits, sauces… La plupart des produits transformés industriellement sont classifiés sur l’échelle colorée.
Dans la mesure où ces aliments contiennent généralement des niveaux élevés de sucre, de sel ou de matières grasses, le Nutri-Score permet de mettre en lumière les références à privilégier pour une consommation saine.
Produits alimentaires non transformés ou peu transformés
Les produits non transformés, comme les fruits, les légumes, les herbes aromatiques, les levures, le poisson ou la viande fraîche ne sont pas concernés par le Nutri-Score.
Boissons
Le Nutri-Score s'applique également aux boissons, à l’exception de l’eau (qui n’a pas besoin de score), des cafés, des thés et des boissons alcoolisées.
Produits végétariens et végétaliens
Le Nutri-Score prend également en compte les produits de substitution tels que les burgers végétariens, le tofu ou les laits végétaux. En fonction de leur composition nutritionnelle, ces produits peuvent avoir des scores variés. Les alternatives végétales riches en protéines et en fibres ont par exemple tendance à obtenir des scores plus favorables.
Bon à savoir : l'application mobile Open Food Facts peut vous aider à retrouver le Nutri-Score de nombreux produits.
Pourquoi soutenir le Nutri-Score ?
En tant que système de notation transparent et facile à comprendre, le Nutri-Score permet à chacun d'accéder aux informations nutritionnelles de nombreuses références, y compris celles de produits emblématiques, et de privilégier ceux qui présentent une composition équilibrée.
D'après une enquête réalisée par relevanC Advertising pour le groupe Casino, 64% des Français déclaraient en 2020 choisir un produit plutôt qu'un autre en fonction de son Nutri-Score.
Le Nutri-Score poursuit également les trois objectifs suivants :
- Lutter contre les maladies liées à l’alimentation : en visant à limiter la consommation excessive de produits transformés, et en encourageant des choix alimentaires plus sains, le Nutri-Score contribue à réduire le risque de maladies graves comme l’obésité, le diabète ou les troubles cardiovasculaires. Les résultats d'une étude scientifique, réalisée par l'équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle CRESS EREN en 2024, menée sur une cohorte de plus de 345 000 personnes pendant 12 ans, confirment par ailleurs "la pertinence du Nutri-score comme outil de santé publique pour guider les consommateurs dans leurs choix alimentaires, dans un but de prévention des maladies chroniques"
- Favoriser la transparence : contrairement à d'autres systèmes d'étiquetage nutritionnel plus complexes, le Nutri-Score offre une information claire et compréhensible au premier coup d’œil, ce qui simplifie la prise de décision des consommateurs. Il peut aussi fonctionner de manière complémentaire avec le label B Corp, qui certifie les entreprises respectant des normes élevées en matière sociale et environnementale, pour un impact positif. En combinant ces deux labels, les consommateurs peuvent alors faire des choix d' achat plus éclairés, alliant santé et durabilité dans leur alimentation au quotidien
- Encourager l'industrie alimentaire à améliorer ses produits : en rendant visible la qualité nutritionnelle de leurs produits, le Nutri-Score pousse les fabricants à reformuler leurs recettes pour améliorer leur score, en réduisant le sel, le sucre ou les matières grasses, et en augmentant la quantité de fibres et de protéines
En 2024, le Nutri-Score s’apprête par ailleurs à évoluer avec une mise à jour de son algorithme de calcul. Ce changement, fondé sur un rapport scientifique du comité international de suivi du label, introduit des ajustements dans le calcul afin de renforcer la pertinence des scores attribués aux produits alimentaires.
Comme l'explique Mathilde Touvier, directrice de l'équipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN) de l'Inserm, "des modifications de l'algorithme, du mode de calcul du Nutri-Score ont été proposées pour permettre de plus pénaliser les produits qui restent sucrés, salés ou avec beaucoup d'acide gras saturé ; et à l'inverse de mieux favoriser les aliments riches en fibres et de mieux faire la distinction entre ces produits."
La Commission européenne prévoit en outre une harmonisation du Nutri-Score au niveau européen dans le cadre de sa stratégie Farm to Fork, ouvrant la voie à une potentielle adoption obligatoire pour un étiquetage nutritionnel commun et efficace dans toute l’Europe.
Les limites du Nutri-Score
Bien que le Nutri-Score possède de nombreux avantages, il présente aussi quelques points faibles.
Il n'évalue ainsi pas toujours la qualité complète des ingrédients : un produit transformé peut obtenir le même score qu’un produit plus naturel, sans tenir compte des additifs ou conservateurs.
De plus, il pénalise certains produits naturellement gras, comme l'huile d'olive ou de colza, malgré leurs bienfaits lorsqu'ils sont consommés avec modération.
Certaines grandes marques industrielles ont par ailleurs choisi de retirer le Nutri-Score de leurs emballages, ce qui peut fausser le processus de sélection par les consommateurs.
Enfin, le Nutri-Score ne prend pas en compte les besoins nutritionnels spécifiques pour ses recommandations alimentaires, comme ceux des personnes diabétiques ou suivant un régime pauvre en sodium.
Le Nutri-Score s’impose donc aujourd’hui comme un outil essentiel pour orienter les consommateurs vers de meilleurs choix alimentaires, adaptés à un mode de vie plus sain.
En simplifiant l’évaluation de la qualité nutritionnelle grâce à une échelle claire et colorée, il facilite la consommation d' aliments équilibrés et participe à la prévention de maladies chroniques.
Soutenu par les pouvoirs publics en France et progressivement adopté par l’industrie agroalimentaire, le Nutri-Score continue de s’étendre sur le sol européen.
Bien que son adoption ne soit pas encore uniformisée, son impact s’élargit, tandis que la mise en oeuvre de son nouvel algorithme devrait contribuer à une meilleure information pour tous.
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