On ne vous l'apprend pas, l'industrie de la mode tourne à l'envers.
Alors on a décidé de partir à la rencontre de Laure Babin, la fondatrice de Zèta, la marque de sneakers entièrement conçues à partir de matières revalorisées, vegan et recyclables pour comprendre son point de vue et savoir comme à son échelle, elle tente de faire bouger les choses.
La mission de Zèta et plus particulièrement de Laure ? Redonner du sens à une industrie qui soulève de grosses problématiques : celle de la BASKET.
Enchantée Laure, peux-tu te présenter ?
Oui bien-sûr !
Alors je m'appelle Laure, j'ai eu 26 ans l'année dernière et j'habite à Bordeaux. J'ai fait mes études à Angers puis à Bordeaux où je me suis installée.
Durant mon parcours scolaire j'ai eu l'occasion de faire plusieurs stages à l'étranger (au Cambodge par exemple) qui m'ont permis de côtoyer des start-up dans le secteur de la mode.
Un secteur qui m'a très vite passionné, de par la richesse des missions que j'ai pu aborder mais aussi par rapport aux problématiques que ce secteur soulève.
Je me suis passionnée aussi bien pour le textile, de la création du prototype à la production, que pour la communication, le marketing...
C'est le fait de m'épanouir dans toutes ces thématiques qui m'a donné l'envie d'entreprendre, j'avais certes ce besoin de liberté mais aussi ce besoin d'avoir un impact positif, sur l'environnement, sur la planète, sur l'Humain.
Comment est née Zèta ?
En 2020, après un an de recherches et de développements, Zèta est née.
Nous avons fait une campagne de crowdfunding qui a très bien fonctionné et c'est la transparence de notre concept qui a séduit les consommateurs.
La transparence sur les lieux de production, les méthodes de fabrication, en fait on a cherché à faire des sneakers en ayant une démarche un peu plus "propre".
De la conception du produit à son acheminement jusqu'au client en passant par son stockage, on essaye d'être dans une démarche d'éco-responsabilité et de recycler le maximum de matériaux.
Les enjeux autour du monde de la mode sont importants et variés, il a fallu que l'on fixe notre axe de différenciation et la mission de Zèta est venue tout naturellement :
Comment réutiliser ce qui existe déjà, comment fabriquer des sneakers à partir de matériaux déjà existants ?
Aujourd'hui chez Zèta nous sommes 6, nous sommes actuellement basés dans un coworking à Bordeaux mais nous avons la volonté de grandir et de changer de bureaux dans les mois à venir.
Comme je le disais, notre axe de différenciation s'articule autour de la réutilisation et de l'exploitation de matières déjà existantes.
Alors oui, ça passe par le marc de raisin, de maïs, de café... Mais ça passe aussi par le plastique, le caoutchouc que l'on utilise.
On est vraiment ancrés dans cette démarche d'éco-conception et de revalorisation des déchets.
Il faut savoir qu'aujourd'hui une paire de baskets c'est 3kg de déchets, c'est un chiffre à garder en tête !
Ensuite, notre but c'est de produire un produit esthétique, durable et surtout, hyper confortable.
Quelles sont les valeurs de Zèta et qu'est ce qui t'anime au quotidien ?
On partage pas mal de valeurs chez Zèta mais on met vraiment un point d'honneur sur la transparence.
Comme je le disais tout à l'heure, c'est ce qui a fait le succès de notre campagne de crowdfunding.
Sincèrement, il n'y a pas de secret, on est transparent et sur TOUT.
On montre le maximum de choses au niveau des usines, des artisans...
Par exemple, lorsque l'on a dû augmenter nos prix, et bien nous avons fait une infographie sur le sujet pour renseigner au mieux le consommateur sur les raisons de cette augmentation.
En fait on a rien à cacher, mais plutôt tout à partager.
Et c'est vraiment fondamental quand on voit à quel point le secteur de la mode est opaque !
Je parlais tout à l'heure des artisans et sans eux Zèta n'existe pas, alors les intégrer au coeur de notre équipe est essentiel et on oublie trop souvent que sans eux, rien ne serait possible.
La cohésion et la diffusion des valeurs en interne sont aussi super importantes, par exemple on a une cantine près de nos bureaux et tous les midis on vient avec nos tup' et ça depuis 1 an et demi (ça en fait des économies d'emballages !).
On a notre composte dans le jardin, on vient tous à vélo... On essaye de tous faire des petites actions pour adopter un comportement plus responsable !
On essaye aussi de faire des workshops en interne, des activités "intelligentes" pour se sensibiliser au mieux sur toutes les problématiques en lien avec la RSE.
Le but est chacun se sente concerné et renseigné sur les sujets puisque l'on a pas tous la même vision et le même rapport à l'écologie.
Justement, si je te dis RSE, ça t'évoque quoi ?
La RSE chez Zèta repose sur 3 piliers.
La responsabilité environnementale, sociale et sociétale.
Concernant la responsabilité environnementale, c'est évidemment le fait de fabriquer en circuit court, avec des matières locales, de revaloriser des déchets...
La partie sociale est tout aussi importante et au centre de nos préoccupations. Je trouve qu'il y a eu trop de faits divers importants qui ont mis en avant qu'on ne parle pas assez des artisans et qu'on sous-estime grandement leur travail.
Je me rappelle d'un article où une cliente de Primark avait découvert sous l'étiquette de son vêtement "SAVE ME".
C'est très traumatisant et alarmant sur la détresse des artisans et sur les conditions dans lesquelles ils effectuent leurs tâches.
Il est indispensable et nécessaire de garder le contrôle sur ce qu'il se passe dans les usines pour justement éviter ça.
Par exemple, une action concrète que l'on a mis en place sur l'aspect social c'est pour le Black Friday, nous avons fait un "Give Back Day".
En fait pendant une semaine, pour chaque commande, 10€ étaient reversés à notre usine au Portugal. L'occasion de faire plaisir aux artisans en leur permettant de réaliser une activité entre eux par exemple.
Et nos clients ont répondu présent à cette opération puisque nous avons récolté près de 3000€ ! Ça montre aussi que nos clients sont autant engagés que l'équipe !
Pour finir sur l'aspect sociétal, on a aussi un rôle à jouer en tant que marque dans l'éducation, la pédagogie afin d'éveiller une conscience collective environnementale.
Ça passe par des infographie, des conférences, des articles, des prises de parole : Ce sont des leviers que je souhaite renforcer pour l'avenir.
L'important pour moi c'est de ne pas être dans le jugement et de ne pas être accusateur. On fait chacun du mieux qu'on peut et l'essentiel c'est de diffuser un message mais dans la bienveillance et la légèreté.
Pour l'avenir tu penses à quoi ?
J'aimerais vraiment renforcer cette aspect pédagogie, éducation dont je parlais tout à l'heure.
Ce qui est certain c'est que Zeste restera une marque de sneakers et d'accessoires, on ne fera pas de vêtements.
Le but est de d'exploiter toutes les possibilités autour des baskets, autant sur l'aspect esthétique que technique.
Sur le court-terme on a quelques projets et notamment sur des expériences en Zèta en physique.
On a aussi dans l'optique de changer de bureau pour pouvoir ensuite, agrandir l'équipe, puisque là on est un peu limité en termes d'espace !
À moyen-terme on souhaite doubler l'équipe, le recrutement est hyper important si l'on souhaite se développer.
Il y a aussi beaucoup de nouveaux produits à venir...
Un des points importants est également de renforcer notre présence à l'international et notamment en Europe puisqu'on expédie pas par voie aérienne.
L'international est d'ailleurs un vrai sujet pour nous puisque on a potentiellement de la demande mais il y a une vraie interrogation autour de cette expansion qui peut aller à l'encontre de nos valeurs intrinsèques.
Sans mauvais jeu de mots, comment doit-on faire pour restez droit dans ses pompes ?!
Et puis pour finir, sur le très long terme j'adorerais voir naître LA boutique Zèta, l'expérience client par excellence, c'est vraiment un rêve de pouvoir proposer ça à nos clients.
Le mot de la fin par The Good Fab
L'interview touche à sa fin et c'est le moment pour nous de remercier chaleureusement Laure pour son authenticité et la sincérité de son engagement.
C'est très constructif de voir que les enjeux autour de l'avenir s'articulent autour des mêmes problématiques pour chacun, que d'un secteur à l'autre, nous sommes concernés par les mêmes challenges et envies.
En l'occurence, ce qui réunit The Good Fab et Zèta c'est très clairement la TRANSPARENCE, alors on reprendra ce slogan que Laure aime particulièrement nous citer : on a rien à cacher mais tout à partager !
Merci Laure !